Non, avoir une crise de goutte ne veut pas dire qu’une goutte chronique est installée. Une crise de goutte correspond à une réaction inflammatoire brutale déclenchée par la formation de cristaux d'urate dans une articulation. Lorsque de telles crises se répètent, et que votre médecin a identifié un taux d'acide urique dans le sang trop élevé, on parle alors de goutte chronique.

Différentes situations peuvent déclencher une crise de goutte : un choc direct, une intervention chirurgicale, l’arrêt brutal ou la mise en route de certains traitements (aspirine faible dose, diurétiques, certains antibiotiques, allopurinol), tous les événements à l’origine d’une déshydratation, les faibles apports en boissons (eau !!), certaines boissons alcoolisées, la bière sans alcool ou un excès alimentaire. Voir la rubique conseils à suivre.

L'objectif est de rechercher un taux d’acide urique trop élevé dans le sang, que l'on appelle hyperuricémie. En effet, un excès d'acide urique dans le sang peut entrainer (pas toujours) la formation de cristaux dans les articulations, ce qui provoque parfois des crises de goutte. Un taux d'acide urique anormalement élevé dans le sang est ainsi la principale cause de crise de goutte. Le dosage du taux d'acide urique, qulques semaines après une crise de goutte, permet donc à votre médecin de vérifier ce qui provoque les crises de goutte, et de proposer un traitement adapté.

Une hyperuricémie est désormais un indicateur d’un risque de développer la goutte mais aussi des maladies cardiovasculaires comme une hypertension, une angine de poitrine ou un infarctus, un diabète ou une insuffisance rénale. Il est indiqué que votre médecin surveille alors ces pathologies associées.

L’acide urique est un produit venant de l a dégradation de ce qu'on appelle les purines, qui se trouvent dans certains aliments (charcuterie, bière, avec ou sans alcool, abats,...) en plus ou moins grande quantité. L’hyperuricémie peut être due à :
- une trop grande production d’acide urique, suite à un apport excessif de purines par l’alimentation ou à une production d'acide urique trop importante par l'organisme;
- une mauvaise élimination de l'acide urique à cause de certains types de médicaments (diurétiques, aspirine…), ou d’une anomalie rénale.

Certains patients ont en effet une élimination d’acide urique augmentée dans les urines. L’acide urique peut alors cristalliser et précipiter sous forme de calculs dans les voies urinaires. Le blocage d’un calcul rénal dans l’un des uretères va donner lieu à une colique néphrétique.

L’objectif du traitement de crise est de soulager rapidement la douleur et de réduire l’inflammation. L’objectif du traitement de fond est de réduire le taux excessif d’acide urique dans le sang afin d’éviter la formation de cristaux et donc la survenue de nouvelles crises.

Le principal conseil est d'adapter son style de vie et de suivre certaines règles hygiéno-diététiques : éviter le surpoids, s’hydrater suffisamment et régulièrement avec de l’eau, pratiquer une activité physique modérée et régulière et surtout éviter ou limiter les aliments riches en purines (abats, crustacés, gibiers, bière avec ou sans alcool…) ou en fructose (sodas sucrés type colas et autres jus de fruits), source d’acide urique. Voir la rubique conseils à suivre.

Le traitement hypouricémiant permet de diminuer le taux d’acide urique et réduire peu à peu les stocks d’urates. Au début du traitement, ils entraînent une diminution rapide du taux d’acide urique et une désagrégation des cristaux à partir des dépôts appelés tophus. Ce passage de cristaux libres dans l’articulation peut donner une nouvelle crise de goutte. Cela ne traduit pas un échec du traitement, bien au contraire. C’est la raison pour laquelle le médecin prescrit généralement en même temps un traitement anti-inflammatoire préventif, « anti-crise », pendant les premiers mois. Il ne faut surtout pas arrêter le traitement hypouricémiant en cas de survenue d’une crise.

Cela est préférable. En effet, les traitements médicamenteux vont faire diminuer le taux d’acide urique dans le sang, et une hygiène de vie adaptée permet de réduire les apports trop importants d’acide urique. Il s’agit principalement de limiter les aliments trop riches en protéines animales, ainsi que la bière (même sans alcool), les alcools forts, et les sodas sucrés et les jus de fruits riches en fructose (pomme, orange). Une bonne hydratation est aussi nécessaire.

La survenue de crises de goutte sous allopurinol est très possible en début de traitement, jusqu'à un an environ. Cela explique pourquoi un traitement préventif des crises est indispensable pendant quelques mois. Il permet de réduire la fréquence des crises ou leur intensité, mais il peut ne pas suffire.
Il faut donc parfois y ajouter un autre anti-inflammatoire. Il est toujours utile, non seulement pour la goutte mais pour l'état de santé cardiovasculaire, le risque de diabète, mais aussi d'arthrose des membres, de suivre des conseils diététiques; la réduction de certains alcools (vins) et l'arrêt définitif de la bière et des alcools durs (whisky) sont indispensables. De fait, ce sont des mauvaises calories et des fournisseurs de purines donc d'acide urique. Les sodas sucrés doivent être arrêtés car riches en fructose, source d'ATP converti en acide urique.
L'activité physique est utile au contrôle de la goutte en cas de surpoids, mais ne doit pas s'entendre par un sport violent : il peut s'agir simplement (mais de façon régulière) de la marche, par exemple 45 mn chaque jour.
Enfin, il faut connaître votre histoire et notamment les chiffres d'uricémie avant traitement puis sous allopurinol pour savoir si la dose est suffisante. Son augmentation est possible sous réserve que vos reins fonctionnent normalement.
Au final il n'y a aucune raison de désespérer de votre traitement car son ajustement est tout à fait possible. D'autres médicaments sont utilisables si la dose d'allopurinol ne peut être augmentée encore une fois avec l'objectif de diminuer votre acide urique dans le sang en dessous de 60 mg/L.
Une consultation spécialisée est recommandée.